Login

Une fin d'année rassurante, surtout pour le commerce

Le Poinsettia est la star des fêtes de fin d'année 2015. Ici mis en scène lors de la conférence de presse du lancement de l'opération de promotion européenne Stars for Europe, le 15 octobre.PHOTO : FRANÇOIS ARNOULD

Notre indicateur Médioflor/Lien horticole pour les fêtes de fin d'année 2015 met en avant des ventes dans l'ensemble correctes. Mais la production française poursuit son décrochage par rapport aux importations.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Selon Météo France, il s'agit du « deuxième Noël le plus chaud depuis que les relevés existent, juste en dessous de celui de 1997 », qui avait enregistré une température moyenne record de 11,7 °C. Dès le début décembre, des températures hautes avaient été recensées, culminant en moyenne à 11 °C le jour de Noël qui a été particulièrement chaud et ensoleillé.

Après une Toussaint qualifiée de normale (Lien horticole N° 951 du 2 décembre 2015), ces fêtes de fin d'année ne sont peut-être pas un grand cru, mais elles se sont déroulées conformément aux attentes. Elles sont souvent qualifiées de normales et rassurantes. Les inquiétudes concernant les conséquences des événements du 13 novembre sur l'activité économique étaient grandes, tout le monde était assez prudent et réservé, et ce n'est vraiment que mi-décembre que le téléphone a commencé à sonner.

Des ressentis assez unanimes des acteurs dans la filière

Chez les producteurs en gros, la prudence était de mise en ce qui concerne les quantités mises en culture, de ce fait la qualité était satisfaisante, les serres étaient pleines, mais les inquiétudes quant à l'avenir étaient grandes, car depuis la Toussaint jusqu'à la reprise d'activité à la mi-décembre, il ne s'est pas passé grand-chose. Par contre, dans ce contexte « d'hiver printanier », les acteurs de la production étaient à demi rassurés par une saison qui n'a pas encore coûté trop cher en chauffage et les frais de livraison ont nettement diminué. Les ventes se sont en définitive bien passées, mais concentrées sur la dernière quinzaine du mois.

Chez les grossistes et producteurs grossistes, l'inquiétude au début décembre était tout aussi importante que chez les producteurs, mais dès la mi-décembre l'activité a débuté pour aller crescendo jusqu'au 21, 22, 23 et 24 décembre qui ont été de grosses journées d'expédition et de livraison. Entre Noël et le jour de l'an, une demande normale de réassortiment s'est fait sentir, ce qui est le signe d'une bonne vente chez les détaillants. Les prix des produits d'importation étaient assez soutenus à l'exception de quelques produits et certaines plantes ont frôlé la rupture de disponible, particulièrement pour les poinsettias.

Bonne surprise pour les jardineries. Après une Toussaint un peu décevante, elles ont réalisé de bonnes ou très bonnes fêtes de fin d'année. La fréquentation est devenue très active dès le samedi 19 décembre, les ventes ont été très soutenues jusqu'au 24 au soir et, contrairement à l'année passée, les 30 et 31 décembre ont été aussi actifs. Pour les plantes, le podium a été occupé en premier par les Poinsettia, les compositions de plantes, les hellébores. Une tendance est à noter en ce qui concerne les sapins de Noël : il y a eu beaucoup de demande de sapins en pot. Les Phalaenopsis tiennent toujours leur place, mais sans plus. Les bouquets composés, les roses et les orchidées ont été bien demandés et les compositions avec des jacinthes ou des hellébores coupés ont été très appréciées. Le blanc était la couleur la plus demandée. Les supermarchés ont principalement proposé des poinsettias, des petites compositions de plantes dédiées à Noël, des bouquets mélangés, des tulipes.

Chez les fleuristes, les fêtes de fin d'année ont également été à la hauteur des attentes, près de 50 % des sommes dépensées par les consommateurs pour les végétaux à cette période, le sont par ce canal. Fleurs coupées, Phalaenopsis, jacinthes, petites plantes en pot, arrangements de plantes et compositions, tout s'est bien vendu. Cependant, on a constaté un début de banalisation de l'offre qui pourrait être un danger pour cette profession. Les approvisionnements étant à plus de 80 % en provenance des Pays-Bas, la différence de produits et de qualité entre l'offre en grande surface et l'offre en magasin de fleurs devient de moins en moins distinctive.

Grandes variations selon les familles de produits

Les plantes exotiques ne progressent plus. Les Phalaenopsis, qui représentent encore entre un quart et un tiers des végétaux vendus selon les circuits, étaient toujours à l'étalage, mais sans augmentation comparativement à l'an passé. L'exigence des consommateurs a été plus élevée pour la qualité et l'habillage de ces poduits désormais présents tout au long de l'année. Les Anthurium ont stagné et les broméliacées également, si ce n'est les plus petitssujets pour les arrangements.

Le Poinsettia a décroché le titre de star. Il doit son succès à trois principaux facteurs. Premièrement, sa saisonnalité affirmée à cette époque du calendrier, contrairement au cyclamen ou au Phalaenopsis, par exemple, que l'on trouve toute l'année. Deuxièmement, il est soutenu par une communication générique efficace renouvelée tous les ans. Troisièmement, il bénéficie d'une flexibilité dans la différenciation de présentation : version mini, plusieurs tailles de pots (10, 12, 15 ou 17 cm), coupes d'une ou de trois grosses plantes. Habillé de pots en céramique et souvent légèrement maquillé de paillettes, ce type de produit a incontestablement tenu le devant de la scène. Les petits prix ont été très demandés, mais bien souvent il a manqué de plus gros sujets. Pour ce groupe, la rupture d'approvisionnement était proche. Cyclamen et azalées sont en retrait malgré d'importants efforts promotionnels. La demande a été très moyenne. Autant le cyclamen avait fait très bonne impression pour la Toussaint, autant il a été décevant pour les fêtes de fin d'année. Sans pot décoratif et sans habillage dédié aux festivités, il n'avait aucune chance. Les azalées sont régulièrement en baisse malgré un gros effort de communication et quelques nouveautés. Le manque d'attrait pour ces deux catégories a été plus marqué en zone urbaine qu'en secteur rural.

En quelques années les hellébores ont conquis une place prépondérante. Ils sont présents dans tous les circuits de vente et déclinés dans de nombreuses présentations : petites plantes, gros pots, coupes, jardinières, arrangements et fleurs coupées. Ils attirent l'attention des consommateurs dès la fin novembre. D'autres plantes « indoor-outdoor » font leur apparition, principalement dans les coupes et arrangements, comme les Skimmia, les Gaultheria et Calocephalus.

Les jacinthes de Noël se sont positionnées en très bonne place. Malgré la température qui leur était très défavorable, elles ont tenu un rôle important pour cet assortiment de fêtes. Elles étaient présentes dans de nombreuses compositions et arrangements. La couleur blanche était très largement dominante. Quelques narcisses ont montré déjà de la couleur et les amaryllis ont tenté de garder une place difficile à tenir.

Les compositions et les arrangements sont un peu l'outsider de cette période de vente. La demande a été forte dans tous les circuits de distribution, que ce soient des arrangements de mini-plantes, de plantes exotiques, d'extérieur, avec ou sans déco de Noël ajoutée. Ce sont surtout les petits formats qui se sont très bien vendus.

Les bisannuelles ont eu trop chaud. L'offre a été très abondante, les prix se sont effondrés. Malgré une demande importante pour la réalisation d'arrangement de plantes et de coupes, l'offre était encore trop importante pour la demande.

Préserver ce qui reste de la production nationale

Le bon déroulement de ces fêtes de fin d'année est rassurant pour le commerce, bien que beaucoup d'acteurs se plaignent de la très faible activité entre ces moments forts. « Maintenant, sur l'ensemble d'une année, on ne travaille plus que pour les fêtes. » Par contre, l'augmentation de la dépendance des importations en provenance des pays du Nord est de plus en plus inquiétante pour la production française : les fleurs coupées (95 % viennent des Pays-Bas), les Poinsettia en jeunes plants et plantes adultes de toutes tailles et présentations, (70 % des Pays-Bas, d'Allemagne et de Belgique), les Phalaenopsis (100 % des Pays-Bas), les hellébores en jeunes plants et plantes adultes (80 % des Pays-Bas, d'Allemagne et de Belgique), les azalées (100 % de Belgique), les jacinthes (95 % des Pays-Bas), les cyclamens (50 % des Pays-Bas), la seule plante dont la France peut encore maîtriser le jeune plant...

L'augmentation des importations des Pays-Bas est de 12 % sur l'ensemble de l'année et de 14 % pour ce seul mois de décembre, pour une part de marché déjà très conséquente. S'il y a une priorité à mettre en avant par les organismes de soutien de la filière, c'est bien la préservation de ce qui reste de notre production nationale, avant qu'elle ne disparaisse complètement. Le retard pris dans la mise en ligne d'une offre mutualisée et d'une logistique plus flexible et mieux adaptée aux attentes des distributeurs devient un handicap majeur pour pouvoir conserver le volume des ventes actuelles.

Brand Wagenaar

Les fleuristes en tête Ils restent en tête des ventes pour les fêtes de fin d'année, mais leurs parts de marché reculent.

PHOTO : BRAND WAGENAAR

L'hellébore gagne du terrain Il a une place prépondérante et est désormais présent sur tous les circuits.

PHOTO : PASCAL FAYOLLE

Le cyclamen stagne Après un franc succès pour la Toussaint, il a déçu, surtout sans pot décoratif et sans habillage dédié.

PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement